En lisant Préférer l’hiver, ce n’est pas l’histoire qui m’a d’abord interpellé. Celle de ces deux femmes qui vivent dans une cabane, isolée, en hiver, loin de la vie sociale.
Ce n’est pas seulement l’intrigue qui a
attiré mon attention. Cela ne signifie en rien que l’histoire n’a pas de valeur
bien sûr. Cela indique que la qualité principale de ce livre est la forme.
Aurélie Jeannin raconte une histoire. Un drame. Mais ce n’est pas cela, à mon
sens, la valeur de ce livre. Ce n’est pas non plus l’hiver ou la nature qui m’a
interrogé.
L’autrice nous décrit l’intériorité de
l’être dans son rapport au monde. C’est alors l’histoire du dedans qui est
montré, le mouvement du for intérieur qui est mis au jour. Alors, avec un rien
de matière, l’autrice nous dit la langueur, l’isolement, la stupeur, la souffrance
avec une expression, à savoir cette forme qui fait ressortir une face du monde
non immédiatement observable et qui requiert une introspection, celle de l’autrice,
et celle du lecteur. Le livre arrête le temps pour laisser l’espace révéler l’intime.
C’est je crois, d’abord et avant tout, la marque d’une écrivaine…
J’ai peut-être raté quelque chose. On peut toujours rater quelque chose…